Colloque d’Histoire au Congrès 2019 : du secours aquatique aux extincteurs au bromure
[MAGAZINE] Genèse du secours aquatique dans le Morbihan, dangers des anciens extincteurs au bromure…, mais aussi objets insolites chez les pompiers et historique du bagad sapeur-pompier local, le programme du 24e colloque national d’histoire qui s’est tenu le mercredi 18 septembre 2019 dans le cadre du congrès national des sapeurs-pompiers à Vannes (56) était aussi éclectique que passionnant.
« C’est un événement dramatique dans la Baie du Morbihan qui est à l’origine de la formation Secours aquatique en France », affirme d’emblée le lieutenant-colonel (er) Joël Mameaux, chargé d’ouvrir les interventions du colloque avec le traditionnel sujet dit « local », après l’accueil des passionnés d’histoire dans l’imposante salle plénière du Chorus par Jean-Pierre Escassut, qui excuse l’absence de Michel Brousse, président délégué de la commission Histoire, Musées, Musique de la FNSPF, accompagné par André Horb, rapporteur de la commission.
Le sapeur-pompier historien poursuit son explication : « Ce 17 mars 1979, un jeune garçon, voulant prendre des photos d’une mer déchaînée en haut des rochers de la Baie du Morbihan, est emporté par une vague plus haute que les autres. Dès l’alerte, un binôme formé par un sapeur-pompier volontaire et un gendarme arrive sur place. Sous la pression des témoins, les deux hommes se mettent à l’eau avant même l’arrivée de l’hélico. Projetés contre les rochers, ils perdent la vie dans l’opération de sauvetage. Le garçon, lui, est plus chanceux : il est héliporté sain et sauf. »
Un monument rappelle ce drame. Immédiatement, une prise de conscience s’opère : il faut créer une formation spécifique au sauvetage côtier pour éviter d’autres drames. Le projet se concrétise le 1er mai 1983, date du premier stage à Belle-Ile-en-Mer (56). Le début est là. Etape par étape, Joël Mameaux déroule ensuite, images d’époque à l’appui, le cheminement jusqu’au Guide national de référence (GNR) sorti en 2001-2002, en passant par la création d’un groupe de travail national de la Sécurité civile au nom bien choisi de « Neptune » et les stages SAV (sauvetage aquatique) 1, 2 et 3. Dernier aboutissement en la matière : la création d’équipes de garde-côtes, le 8 décembre 2009, dont font partie tous les moyens SAV du département.
Une mise en garde des sauveteurs
Une belle avancée pour les victimes et leurs sauveteurs, avec une mise en garde tout de même à l’adresse des derniers, martelée dès le premier stage : « Attention, toujours interrompre la mission si cela devient trop dangereux. Il faut savoir mesurer ses limites ! »
Le colonel (er) Jean-François Schmauch, bien connu de l’auditoire pour ses recherches très documentées sur les sapeurs-pompiers, prend la relève avec un sujet technique original : « Les extincteurs au bromure de méthyle et au tétrachlorure de carbone, de 1920 à leur interdiction en 1961 ». Il retrace avec esprit une guerre (quasi) commerciale entre « pour » et « contre » de ce qui s’appelait alors l’« extinction chimique des feux », avec à la clé des blessés et des décès dus à ces produits considérés depuis le début des années soixante comme dangereux.
Pour le prochain colloque, de nouvelles études sont en préparation par les membres de la commission Histoire, toujours aussi passionnés. « Mais nous commençons à avoir quelques cheveux blancs », souligne Jean-Pierre Escassut avec humour. Avant de lancer un appel aux jeunes qui pourront prendre la relève dans l’avenir : « Nous sommes preneurs de nouveaux membres ! » A bon entendeur…
Texte : Pauline Catalan
Photos : Stéphane Gautier